dimanche 12 décembre 2010

Les Quatre Trésors de la calligraphie



Pour calligraphier il est nécessaire de disposer d’un pinceau, de papier, d’un encrier et d’encre. Ce sont les Quatre Trésors du Calligraphe.
    
Le Pinceau : De façon à pouvoir réaliser des calligraphies de différentes tailles, il est indispensable de pouvoir disposer de différentes tailles et qualités de pinceaux. Souples, durs et moyens sont les trois différentes duretés des pinceaux que l’on utilise traditionnellement. Ils sont réalisés à partir de différentes types de poils : lapin, chèvre et même de plume de coq et parfois composés d’un mélange de ces matériels. Pour Maître Jing Hong Zhou,  un bon pinceau doit avoir la tête pointue, le ventre rond, les poils plats lorsque l’on appuie sur le papier pour écrire, et la tête du pinceau doit se reformer spontanément quand on le relève. Il ajoute que les pinceaux les plus chers ne sont pas forcément les meilleurs ni les moins chers les plus mauvais.

L’encre : Elle est faite de suie d’essences de bois que l’on brûle avec des huiles, de la résine et des plantes médicinales. Elle est d’abord liquide, c’est d’ailleurs sous cet aspect qu’elle était connue en occident, et utilisée sur les tables des dessinateurs. Puis, elle est versée dans des moules et mise à sécher pour donner, en durcissant, des pierres. Au contact de l’eau, l’encre se liquéfie immédiatement et colore l’eau. L’encre est préparée lors de chaque travail de calligraphie. La calligraphe verse un peu d’eau sur son encrier et use la pierre d’encre en la frottant sur le fond de l’encrier. Si pour l’occidental que nous sommes cette préparation nous semble être une perte de temps, en réalité et pour le calligraphe, cette opération permet de mettre l’esprit au repos, de se concentrer, d’user les préoccupations et autres agitations du mental pour laisser apparaître « la claire conscience », cette porte qui ouvre sur « la création ». Réaliser une calligraphie est un peu comme une méditation où la respiration joue un rôle prépondérant, mais la posture, la concentration et le calme intérieur sont aussi des éléments importants. Dans ce temps de préparation de l’encre, le calligraphe, décide du ton et de la fluidité d’encre qu’il veut obtenir pour son travail.

L’encrier : il est réalisé dans une pierre noire, lisse et douce, et parfois très ouvragée. Certains sont de tailles et de poids considérables, et peuvent être des œuvres d’art. On en trouve de différentes formes. Des ronds, des ovales et des rectangulaires. Outre permettre la préparation de l’encre, l’encrier doit remplir trois fonctions : conserver l’encre, affûter le pinceau (permettre au pinceau de conserver sa pointe bien formée) et retirer la surcharge d’encre. En Chine, pour l’encre et l’encrier il existe un mot spécial : « Lin Chi » ce qui revient à dire « aller à l’étang ».

Le papier : Avec la boussole, l’imprimerie, et la poudre noire constitue SI DA FA MING les « quatre inventions » qui caractérisent l’emblème du génie chinois.
Il faut un papier ni trop lisse ni trop rugueux et qui absorbe bien l’encre. L’encre doit pouvoir déborder un peu du trait du pinceau. En Chine, le meilleur papier s’appelle « Xuanzhi » (p   apier du Xuan). C’est un papier aux qualités spéciales. Il se dilate au contact de l’encre et il nécessite une bonne technique pour l’utiliser. Pour la réalisation de la calligraphie, le papier est posé sur un tapis légèrement absorbant qui boira le surplus d’encre. Les rouleaux de papier peuvent mesurer plusieurs mètres de longueur, aussi pour que le papier ne bouge pas tout au long de son de son travail, le calligraphe le fixe aux quatre coins avec des pierres.
La calligraphie est un art complexe, exigeant, délicat qui demande de longues heures, années d’un travail patient, assidu pour maîtriser autant l’art du trait, la tenue du pinceau, que le ressenti que sont la rencontre du pinceau, du papier et de l’encre tout sachant conserver son esprit actif et présent, comme dans une méditation. Suivre les enseignements d’un Maître calligraphe peut, parfois, relever de l’épreuve tant le cheminement est long, exigeant, subtil, sensible même et constitue une réelle Voie. Pour celles et ceux qui seraient intéressés d’appréhender, découvrir plus avant cette éducation traditionnelle que constitue la calligraphie et sa noble essence, je vous recommande la lecture de ce merveilleux texte de Fabienne Verdier : « La passagère du silence ». Si ce texte romancé n’est pas un livre unique sur la question, il dépeint très bien ce qu’est, en Chine, cette éducation et montre clairement ce qu’est, plus généralement, l’éducation traditionnelle, l’exigence de la transmission des savoirs et comment les Maîtres pouvaient tester, jauger, former, évaluer et guider le disciple dans toutes les dimensions de l’être.

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